Portrait d’éditeur – Les éditions de L’Arbre vengeur (juin 2021)
La Région Nouvelle-Aquitaine compte près de 200 éditeurs, qui abordent des thématiques variées dans des catalogues exigeants. Cinquante d’entre eux ont choisi de former le collectif AENA (Association des Éditeurs de Nouvelle-Aquitaine), dont les libraires de LINA sont bien évidemment partenaires.
Le réseau LINA, partenaire des éditeurs de Nouvelle-Aquitaine, vous propose de (re)découvrir chaque mois un éditeur membre de l’AENA, sa ligne éditoriale, son catalogue, son équipe et son histoire le temps d’un portrait.
Ce mois-ci, partez à la rencontre des Éditions de L’Arbre vengeur.
Pouvez-vous nous présenter votre maison d’édition, son histoire, son catalogue, sa ligne éditoriale ?
L’Arbre vengeur a été planté à l’aube des années 2000 dans la fertile terre girondine qui a vu naître de jolis noms de l’édition. Composé d’un graphiste (moins libre désormais) et d’un libraire (qui ne l’est plus), il déploie sa ramure (et ses poussives métaphores de pépiniéristes) dans les cieux brouillés de la littérature, celle qui étonne, amuse, dérange, agace, que ce soit aujourd’hui ou bien plus tôt, car la qualité n’a pas d’âge. Vingt livres par an qui se reconnaissent à leurs couleurs, histoire de bien souligner que la fadeur n’est pas notre lot. Vingt livres sur les territoires de l’étrange, du singulier, de l’insolence. Vingt livres d’auteurs français ou étrangers. Des petits grands formats, des petits formats (notre collection de poche L’arbuste véhément), des moyens formats, souvent illustrés et notamment pour les couvertures avec la collaboration d’artistes venant de tous horizons et notamment de la BD. Membre de la Fabrique POLA, collectif bordelais d’artistes, il s’est installé au bord de la Garonne afin de profiter d’une terre limoneuse, des joies du mascaret et d’une vue imprenable sur l’autre côté.
Une maison d’édition totalement dépendante (de ses lecteurs) !
Comment travaillez-vous avec les librairies indépendantes ?
Il en reste encore beaucoup qui ne nous connaissent guère ou qui pensent que nos livres ne sont pas pour elles, mais nous avons la patience du chêne et la résistance du roseau (ou inversement). Il est cependant de plus en plus difficile d’être visible dans une période d’intense production, et les libraires sont très, très sollicités. Alors nous nous appuyons sur les amitiés, les liens tissés avec le temps, les compatiblités et le souci, constant chez beaucoup (pas tous malheureusement), de faire preuve de curiosité sans céder aux modes ou aux injonctions.
Parlez-nous de votre actualité
Au plan vestimentaire, Nicolas a acquis un nouvel pull rouge du plus bel effet, et David des Gazelles pour gagner en vélocité. Au plan arboricole nous avons planté un cerisier et un magnolia (et croisons les doigts pour que le citronnier n’ait pas gelé). Au plan éditorial nous continuons à alterner rééditions de titres oubliés et découvertes.
Ainsi nous éditons en juin Le mouton tarbais, cet inconnu qui fera date dans la littérature ovine et dans la littérature tout court en magnifiant cet animal trop négligé de nos élites scribouillardes. En mai, parce que décidément la faune nous passionne aussi, nous avons publié le nouveau roman de Jean-Louis Bailly, Les mains propres, qui met en scène le fameux entomologiste Jean-Henri Fabre au soir de sa vie quand celui-ci découvre qu’en plus d’observer les petites bêtes on peut s’inspirer de leurs manières, notamment pour se débarrasser de quelqu’un d’encombrant : perfide et écrit au cordeau. À signaler aussi un roman américain d’anticipation des années 50, L’aiguille de Costigan, qui nous plonge dans une aventure de voyage temporel sur un mode pour le moins inattendu : un petit classique à faire lire à tous âges.
Et puis parce que nous adorons les nouvelles même si plus grand monde n’en lit, nous venons de rééditer un auteur allemand qui témoigne d’une virtuosité et d’une drôlerie réjouissantes : Invitation à des orages d’été, de Reinhard Lettau. On pourrait aussi évoquer Les tortues (les animaux, encore les animaux), ahurissant roman d’aventure d’un auteur français oublié qui raconte, mais pas seulement, une épidémie sur un bateau de pirates.
Autrement dit, l’arche de l’Arbre vengeur continue de se remplir. Reste à nos amis libraires à trouver des parents adoptifs pour toutes ces créatures de papier que nous aiguisons avec bonheur.
Retrouvez les titres des éditions de L’Arbre vengeur dans vos librairies indépendantes