Portrait d’éditeur – éditions Marsa (décembre 2024)
La Région Nouvelle-Aquitaine compte plus de 200 éditeurs, qui abordent des thématiques variées dans des catalogues exigeants. Soixante d’entre eux ont choisi de former le collectif AENA (Association des Éditeurs de Nouvelle-Aquitaine), dont les libraires de LINA sont bien évidemment partenaires.
Le réseau LINA, partenaire des éditeurs de Nouvelle-Aquitaine, vous propose de (re)découvrir chaque mois un éditeur membre de l’AENA, sa ligne éditoriale, son catalogue, son équipe et son histoire le temps d’un portrait.
Ce mois-ci, partez à la rencontre des éditions Marsa.
Comment décririez-vous l’ADN / l’identité de votre maison d’édition, son histoire et ses valeurs ?
Engagée depuis 2017 pour la littérature, la poésie, les arts plastiques, le livre papier, les rencontres multiformes avec les lecteurs, dans un esprit interculturel et citoyen et sur tous les lieux, en particulier les quartiers populaires et la ruralité. Soutient particulièrement les créations de femmes et de jeunes auteurs et artistes.
Pourriez-vous nous parler du processus de découverte et de sélection des textes au sein de votre maison d’édition ? Que recherchez-vous chez un.e auteur.ice ou un manuscrit pour décider de sa publication ?
Originalité et beauté du propos ou de la forme, engagement citoyen, interculturalité.
Pourriez-vous nous parler d’une publication récente qui incarne particulièrement la vision éditoriale de votre maison d’édition ?
Farida OUCHANI, J’ai comme du coton dans la tête, roman, illustré par Noëmie COURTEL (MARSA, 2024).
Le 11 septembre 2001, Farah aura 30 ans. Elle n’a qu’une idée en tête : se débarrasser d’une virginité vécue comme une prison dans laquelle elle est enfermée. Aliénée aux diktats familiaux, elle est, malgré elle, la représentante d’un honneur oppressant. Récit fiction d’une femme en devenir. Chemin d’émancipation jalonné de remises en question, de souvenirs d’enfance qui remontent à la surface comme autant de traumatismes dont il faut s’affranchir… Comment reprendre possession d’un corps colonisé et assigné ? Comment devenir un sujet à part entière ? Comment passer à l’action ? Sous un humour grinçant au service d’une observation sans fard du quotidien, ce sont ces questions profondes et essentielles qui sont posées.
Farida OUCHANI est née en 1967 à Boulogne-Billancourt de parents originaires du nord du Maroc. Titulaire d’une licence de Lettres Modernes, elle travaille durant plusieurs années dans le secteur de la formation adulte et dans le champ social. Chargée de cours dans une école des métiers de la culture, elle propose à Noëmie COURTEL, une de ses étudiantes, d’illustrer son roman. Farida Ouchani est aussi comédienne depuis 1999. J’ai comme du coton dans la tête est son premier roman.
Pourriez-vous nous parler d’une collaboration récente entre votre maison d’édition et une librairie indépendante qui vous a particulièrement marqué.e ?
Fin 2023, dans le cadre du festival CITOYENNES DE LA DIVERSITÉ que notre maison d’édition organise chaque année à Limoges, un partenariat a été établi avec la librairie PAGE ET PLUME de Limoges en relation avec l’ouvrage d’Isabelle DOUCET-VEYRET Autour de l’irreprésentable (MARSA, 2023). Cet ouvrage lie de façon pertinente histoire de l’art, psychanalyse et approche interculturelle. Une soirée passionnante de rencontre-débat avec les lecteurs, au cœur même de la librairie (précédée d’une intense campagne de sensibilisation) a drainé un public considérable.
Face à l’évolution de la chaîne du livre vers une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, comment votre maison d’édition se positionne-t-elle et/ou que met-elle en place ?
Impression de proximité (en France), courts tirages à flux tendu, sur papier recyclé si possible, renouvelés selon les besoins. Utilisation raisonnée du numérique.
Quels sont les projets de votre maison d’édition, comment voyez-vous l’évolution de sa proposition ?
Notre maison d’édition s’est fondée autour de la revue quadrimestrielle « A littérature-action » (20 numéros parus, comportant de 180 à 320 pages). Cette publication de littérature et arts plastiques, résolument interculturelle, comporte à chaque livraison un long dossier sur un créateur, penseur, plasticien, ou sur un lieu, un mouvement artistique qui nous paraît particulièrement inspirant (à ce jour : Albert Cossery, Le Caravage, Fanon, Kateb Yacine, Isabelle Eberhardt, Jean Sénac, François Maspero, Marcelle Delpastre, Armand Gatti, Peter Diener, Michel Boujut… mais aussi Syrie, le pays de Cham, L’Hôtel La Louisiane, Echanges créatifs avec le Japon, Création et engagement, Prague capitale magique, La Réunion : île, exil…). Cette première partie est suivie d’un varia consacré à des inédits littéraires, des entretiens, des analyses, des regards, etc. Cette revue est un creuset de rencontres, d’interactions et d’inspirations qui nous amène à publier 5 collections d’ouvrages au rythme d’une dizaine par an (collections « Ailleurs d’ici », « Poésie sur tous les fronts », « Arts », « Polar au féminin », « SurréAlismeS »). Notre relation étroite avec la Maison André Breton de Saint-Cirq-Lapopie, haut lieu du surréalisme international contemporain, apporte aussi son lot de contributeurs. Actuellement, nous sommes sur la finalisation d’un important numéro spécial (335 pages) « Surréalisme 100 ans, La Rose Impossible 10 ans. Maison André Breton Saint-Cirq- Lapopie » qui accueille soixante contributions. Son rayonnement, sa diffusion occuperont une partie du dernier trimestre 2024.
La vitesse de croisière de nos publications (10 ouvrages par an + 3 numéros de la revue A) sera maintenue et notre participation ou organisation à/de divers événements ou salons sera constante. Nous organisons, par exemple, en novembre 2024, à Limoges, la deuxième édition du Salon international des éditrices indépendantes. Ce salon biennal (1ère édition 2022) est un événement majeur pour la création féminine et la pensée féministe.